Situé à 600 km d’Abidjan au Nord de la Côte d’Ivoire, le département de Korhogo est le chef-lieu de région du Poro et du district des Savanes.
Il couvre une superficie de 12.500 km², soit 3,9% du territoire national, pour une population de 453.006 habitants, soit une densité moyenne de 32,6 habitants au km², selon le Recensement général de la population et de l’habitat (RGPH) de 1998.
La même source indique une proportion de 91,55% de nationaux et 8,45% de non nationaux. Selon les estimations de l’Institut national de la statistique (INS), conformément au nouveau découpage administratif, la population du département est de 498.320 habitants en 2012.
La population est composée d’autochtones Senoufo, d’allochtones originaires de divers régions de la Côte d’Ivoire et d’allogènes ressortissants des pays de la CEDEAO, notamment des Burkinabés et Maliens.
Le département compte huit sous-préfectures fonctionnelles, à savoir Korhogo, Karakoro, Napiélédougou, Tioroniaradougou, Komborodougou, Niofoin, Sirasso et Kanoroba. Huit autres sous-préfectures non fonctionnelles attendent leurs sous-préfets. Il s’agit de Lataha, Koni, Kombolokoura, Sohouo, Dassoungboho, Nafoun et Kiémou.
Sept des huit sous-préfectures abritent des chefs-lieux de communes, toutes fonctionnelles, à savoir Korhogo, Tioroniaradougou, Napiélédougou, Sirasso, Karakoro, Komborodougou et Niofoin.
Le département est limité au Nord, par le département de M’Bengué, au Nord-est par le département de Sinématiali, au Sud-est par le département de Niakaramadougou, au Sud par le département de Dikodougou et à l’Ouest par Boundiali.
Historique du peuplement
Historiquement, le peuple Senoufo trouverait ses origines dans le Mali actuel, d’où il aurait migré pour s’installer dans le Nord de la Côte d’Ivoire. Le peuple Senoufo est composé d’une cinquantaine de sous-groupes. Les sous-groupes que l’on rencontre dans le département de Korhogo sont les Tiembara, les Fodonon, les Nafara, les Kafire.
La cité de Korhogo aurait été fondée entre le 14e et le 18e siècle par Nanguin Soro. Ce dernier, captif du puissant royaume de Kong, réussit à s’enfuire pour s’installer sur une terre plus paisible, qu’il baptisa «Korgo» ou Korhogo, signifiant en Senoufo, « fortune ou héritage ».
Depuis le chef fondateur de Korhogo, 17 personnalités se sont succédé à la chefferie traditionnelle jusqu’à l’actuel chef de canton, Baffao Coulibaly.
Un trait caractéristique du peuple Senoufo se révèle être le «Poro», qui du reste, a servi de prétexte à la dénomination de la région du Poro.
Le «Poro» apparaît comme un culte d’initiation où l’on apprend l’art de vivre en société et de gouverner. C’est aussi une organisation séculaire fondée sur des bases rituelles et traditionnelles. Il sert de ciment entre les différentes composantes de l’organisation sociale et détermine le système de transmission des coutumes aux acteurs sociaux.
Les caractéristiques physiques
Le relief du département de Korhogo est caractérisé par un vaste ensemble de plateaux, surmontés par endroits de quelques élévations isolées, constituées de dômes granitiques et de collines.
Le climat se caractérise par un climat tropical soudano-guinéen, marqué par deux grandes saisons, une pluvieuse qui s’étend de mai à octobre, une sèche, de novembre à avril. La saison sèche est accompagnée par l’harmattan entre les mois de décembre et février ainsi que des pointes de chaleur entre mars et avril.
Quant à la végétation, elle est constituée de savanes herbeuses et arborées. On note cependant la présence de forêts galeries tout le long des cours d’eau. Plusieurs forêts sacrées, dont l’accès est interdit, s’y trouvent.
Les eaux sont drainées par le bassin versant du Bandama. Le réseau hydrographique est relativement dense. Il est constitué des affluents du Bandama. La pluviométrie annuelle varie entre 1.200 mm et 1.400 mm.
Les caractéristiques économiques
La majorité de la population du département de Korhogo tire son revenu des principales cultures agricoles, pérennes et vivrières, à savoir le coton, l’anacarde, la mangue, le riz, le maïs, le mil et l’arachide.
L e coton appelé « l’or blanc » est la première principale culture de rente du département et du district des Savanes, suivie de l’anacarde et la mangue. Avant la crise militaro-politique de 2002, la Côte d’Ivoire était troisième producteur mondial avec une production de 360.000 tonnes.
Au plus fort de la crise, la filière a connu des difficultés avec des fortunes diverses. Aujourd’hui, la filière est en train de remonter la pente. Ce qui a amené le directeur régional de l’Agriculture à affirmer que « le coton ne se porte pas mal comme par le passé. Tous les signaux sont au vert ».
Au terme de la campagne 2011/2012, la production annuelle tournait autour de 250.000 tonnes. La production de la campagne 2012/2013 est estimée à 340.000 tonnes avec un peu plus de 180.000 tonnes pour le département de Korhogo.
La filière de l’anacarde n’étant encore très organisée, il règne sur le terrain une sorte d’anarchie marquée par le non respect du prix indicatif bord champ fixé en début de campagne. Tout cela, au détriment des producteurs.
Au cours de l’année 2012, la direction régionale de l’Agriculture a pu enregistrer 42.000 tonnes d’anacarde vendus dans le département, sans compter la quantité qui a échappé à contrôle. Pour cette année, la production vendue enregistrée est estimée à 32.219 tonnes.
Les cultures maraîchères sont également développées dans le département. De nombreux groupements de femmes pratiquent ces cultures, notamment le concombre, le piment, l’aubergine, la carotte, la tomate, le chou, la laitue, le haricot vert, le gombo, l’oignon, le haricot nain, le melon et le poivre.
Les cultures vivrières constituent aussi une source de richesses importante.
Les flux des produits vivriers captés par l’Office d’aide à la commercialisation et la promotion des produits vivriers (OCPV) aux corridors de Korhogo en témoignent. Au cours de l’année 2012, au total 13.488 tonnes de maïs pour un chiffre d’affaires moyen de 2.036.688.000 FCFA et 4.944 tonnes de piment ayant une valeur numéraire de 2.259.408.000 FCA sont sortis de Korhogo.
L’élevage tient aussi une place cruciale dans l’économie du département de Korhogo. Cette activité, à la fois traditionnelle et moderne, est orientée vers l’élevage des bovins, des porcins, des ovins, des caprins et de la volaille.
Le commerce représente la seconde activité principale après l’agriculture. Autochtones Senoufo, allochtones et allogènes se livrent la concurrence sur les marchés, sur les trottoirs et au niveau des magasins. Les produits vendus sont divers et variés, notamment les vivriers, les tenues vestimentaires et les matériaux de construction.
Au cours de ces dix dernières années, à la faveur de la crise militaro-politique, le commerce des engins à deux roues et des produits accessoires s’est développé dans le Nord de la Côte d’Ivoire, particulièrement dans la capitale de la cité du Poro et du district des Savanes.
Les magasins de motos se trouvent dans tous les coins de rues, aux alentours du grands marché et à la périphérie des marchés secondaires des quartiers tels que Soba et Côcô. Les mécaniciens d’engins à deux et trois roues, on en trouve à tout bout de champ.
Quant à l’industrie, elle y est très peu développée. On note toutefois, au chef-lieu de département, quatre unités d’égrenage de coton et une dizaine d’unités de traitement et de conditionnement de la mangue.
Une autre potentialité économique qui mérite aussi l’attention est l’industrie du tourisme. Le tourisme tarde à prendre son envol, bien que le département regorge de nombreuses potentialités à valoriser, comme c’est le cas avec les tisserands de Ouaraniéné, les vanniers de Torgokaha, la case sacrée de Niofoin, les toiles peintes de Fakaha. A cela, s’ajoute un riche folklore très varié, tel que le boloï, le balafon ainsi que les réceptifs hôteliers.
Les ressources minières, une autre potentialité économique
Le sous sol des savanes est constitué de roches qui encaissent la minéralisation aurifère, faisant du district des Savanes et particulièrement du département de Korhogo, une zone riche en ressources minières telles que l’or, le COLTON (Colombo tantalite).
Des permis de recherche ont été attribués à des sociétés minières pour la recherche de l’or dans le district et dans le département de Korhogo. Ainsi, la société New Mining opère ses recherches à Fapaha nord et sud, dans la sous-préfecture de Sirasso.
L’on note, par ailleurs, que les orpailleurs clandestins sont présents dans presque toutes les sous-préfectures du district des Savanes. Dans le département de Korhogo, on les trouve à Tawara (sous-préfecture de Korhogo), Youssoufkaha, Wangari et Tarato (sous-préfecture de Niofoin).
L’administration bien représentée
De nombreux services administratifs et directions régionales des ministères sont installés au chef-lieu de département. Se sont la préfecture de région, la sous-préfecture de Korhogo, la mairie de Korhogo, le tribunal de première instance, la trésorerie générale, le contrôle financier et 24 directions régionales représentant la quasi-totalité des différents ministères civils.
Korhogo qui est dotée d’une résidence du chef de l’Etat, abritera en outre, les sièges du Gouvernement des districts des Savanes et du conseil régional du Poro.
Y sont également implantés la 4e région militaire, la 4e légion de gendarmerie, la préfecture de police, un bataillon d’infanterie, la direction régionale des Eaux et forêts, la direction régionale des douanes, un escadron de gendarmerie et une compagnie de gendarmerie.
La commune de Korhogo abrite, par ailleurs, l’unique commissariat de police ainsi qu’une brigade ville de gendarmerie. Les autres sous-préfectures du département en dehors de Napié, ne disposent d’aucune brigade de gendarmerie.
Les infrastructures
En matière d’infrastructures, Korhogo, le chef-lieu du département dispose d’un centre hospitalier régional (CHR), de plusieurs lycées, collèges, écoles primaires et préscolaires, d’une université, d’une maison d’arrêt et de correction, de la quasi-totalité des filiales des établissements bancaires et d’assurance. Le chef-lieu de sous-préfecture de Napié est doté d’un centre de santé urbain et les autres de dispensaires et maternités où l’on donne des soins primaires généraux.
La vie politique
Pour ce qui concerne la vie politique, il faut dire que les principaux partis sont représentés dans le département de Korhogo. Toutefois, le Rassemblement des Républicains (RDR, parti présidentiel) reste majoritaire, comme l’atteste les résultats des dernières élections législatives, municipales et régionales.
Site Web: https://www.mairiekorhogo.com/